jeudi 10 juin 2010

Ménon (1) : L'auteur

Platon (né vers -427 à Athènes, mort en -347) fut le principal disciple de Socrate (470-399) et l’un des fondateurs de la philosophie. Après l’exécution de son maître, il se forma aux mathématiques auprès de Pythagoriciens et partit en Sicile pour être le conseiller du Tyran de Syracuse. Cette expérience politique se termine mal. Platon est chassé mais il fonde (vers 387) son Ecole à Athènes, l’Académie, et rédige son œuvre philosophique.

Œuvres principales :

Les œuvres de Platon sont toutes sous forme de Dialogues, le plus souvent entre Socrate et un sophiste ou bien avec un de ses disciples. Il s’y sert aussi de « Mythes » pour représenter ses arguments.

1) Les Dialogues « socratiques » (qui sont surtout critiques et se terminent en « aporie », en impasse) :

Exemples : Ion (qu’est-ce que l’inspiration poétique ?), Lachès (qu’est-ce que le courage ?), Charmide (qu’est-ce que la tempérance ?), Euthyphron (qu’est-ce que la piété ?), Lysis (qu’est-ce que l’amitié ?), Protagoras (la vertu peut-elle s’enseigner ?).

2) Les Dialogues de « transition » (où Platon commence à développer ses propres solutions philosophiques aux problèmes posés par Socrate)

Exemples : L’Apologie de Socrate (défense de la philosophie), Criton (sur le respect des lois), Phédon (sur l’immortalité de l’âme), Gorgias (sur la rhétorique et la justice), Ménon (sur la Vertu comme connaissance), le Banquet (l’Amour comme désir de l’Idéal du Bien), Phèdre (sur l’Idée du Beau et la Réminiscence).

3) Les Dialogues de maturité (où Platon discute désormais sa propre théorie des Idées)

La République (sur la vertu de Justice et l’organisation idéale de la Cité), Théétète (sur la Connaissance), Parménide (sur les Idées), Le Sophiste (analyse de la Logique, de l’être et du non-être), Le Politique (sur la définition du Bien pour la Cité), Critias (mythe politique de « l'Atlantide »), Timée (sur la Nature), Philèbe (sur le plaisir), Les Lois (dernier essai de Constitution d’un Etat idéal).

Thèses principales :

1) La Théorie de la réalité des Idées (ou des « Formes »)

Platon distingue ce qui dépend des sens (sensible) et ce qui est saisi par l’intelligence (intelligible). Les objets sensibles particuliers changent mais ils participent d’Idées, qui, elles, sont éternelles, universelles et immuables : les cercles dessinés dans la matière sensible sont des instances de l’Idée du Cercle[1].

Les définitions sont des relations entre les Idées.


2) La Théorie de la Connaissance et de l’Esprit

Nos sensations et nos opinions sont faillibles. La Raison ou Intelligence doit arriver à la science vraie en se séparant du « Sensible », par la Dialectique[2] qui élève l’âme jusqu’aux Idées intelligibles.

L’âme humaine qui ressent et qui comprend est distincte du corps matériel. Elle est immortelle comme les Idées et peut se ressouvenir des Formes intelligibles qu’elle connaît de manière éternelle, avant toute expérience (« Anamnèse » ou Réminiscence).


3) La Théorie morale de la Vertu

Comme Socrate, Platon considère que la qualité morale de bien agir dépend d’un Savoir. Celui qui connaît l’Idée du Bien agira bien. Celui qui agit mal est victime de son ignorance.

L’âme a une partie dirigée par la Raison et une partie dirigée par des désirs irrationnels.


4) La Théorie politique de la Justice
Dans la la République, Platon explique la Vertu individuelle de l’homme juste par une bonne répartition des fonctions. La Cité juste doit être administrée comme un esprit juste, en attribuant à chacun ses limites respectifs : de même que l’Intellect doit primer sur le Cœur et les Désirs, le Gouvernant éduqué doit primer sur les ardeurs militaires et sur les désirs de la majorité (critique de la démocratie).

Les Arts sont critiqués comme des illusions sensibles (« imitations ») qui nous éloigneraient de la recherche de la Vérité (il faudra chasser les poètes de la Cité idéale).



[1] On appelle « platonisme » en philosophie des mathématiques la théorie selon laquelle les vérités mathématiques sont objectives (comme une réalité observable) et ne dépendent pas de notre esprit qui les découvrent.

[2] En ce sens, la science issue du Dialogue, qui distingue et définit les Idées. La République définit la Dialectique comme la science suprême de la philosophie pour arriver à la vérité à partir des premiers principes.

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